Une dégustation diner de vieux vins
Nous nous sommes retrouvés à une dizaine de passionnés chez D.F pour boire neuf vins anciens ou très anciens compris entre 1976 et 1921.
Pour la mise en bouche apéritive, il nous était annoncé un riesling 1981 de chez Schaffit à Colmar accompagné de nems. Il s'est révélé être en fait un Gewurtztraminer de couleur jaune d'or sombre. Un nez confit, une bouche suave et douce ou l'on retrouvait difficilement les caractéristiques poivron du cépage.
au deuxième tour, un Corbières en magnum du Prieuré de Sainte Marie d'Albas 1990, accompagné de Neufchatel, d'un rouge sombre malgré son âge. Un nez de cuir nous chatouillait les narines. En bouche, il avait peu de concentration et n'apportait pas de plaisir particulier (mais en a-t-il jamais eu?).
Pour suivre, des galettes de poulet en compagnie d'un Anjou rouge 1976 de chez Aussureau. Un nez herbacé et une bouche plate. Cela n'a rien d'extraordinaire dans la mesure ou les Anjou rouge n'ont jamais été des vins de garde.
Après à suivi, un Château Dubernet, un Graves rouge de 1978, accompagné de boulettes de viandes, à l'oeil encore d'un rouge sombre prononcé, un nez faible mais une bouche encore intense.
Au cinquième tour, un Morey Saint Denis 1990 de chez Perrot Minot qui a conservé l'intensité de sa couleur mais avait peu d'ampleur et plus la subtilité bourguignonne à laquelle on s'attend.
Au sixième tour, un Chateauneuf du Pape 1985 de chez Riché, accompagné d'un confit de canard, de couleur toujours sombre intense, un nez de cerise et une bouche plus très marquée.
Au septième tour, un Bandol, Chateau Vannières 1986, accompagné de boeuf poêlé. Un nez somptueux mais une bouche malheureusement ayant perdu de sa superbe.
Enfin, l'apothéose de cette soirée passionnante est arrivée : Cru de Coy 1921. Mais de quoi s'agit-il? Ce domaine qui n'existe plus en tant que tel aujourd'hui était une enclave dans les terres de Chateau Yquem, propriété également de la famille Lur Saluces à cette époque. Quand à 1921, c'est l'année mémorable des Sauternes notés encore aujourd'hui 19 ou 20 selon les sources. Si toutes les bouteilles dégustées jusqu'à présent sortaient de la cave de D.F, celle çi a été acquise par mes soins dans une vente aux enchères. A la lecture du catalogue, j'ai procédé à de nombreuses recherches avant d'aller à l'exposition la veille de la vente pour m'assurer de la réalité de la chose. J'ai constaté que la bouteille avait une belle couleur sombre, que le niveau haute épaule était raisonnable pour l'âge. Quand à l'étiquette, son état à peine visible montrait qu'elle avait traversé les temps dans une bonne cave bien humide. Elle nous a été servie accompagnée de foie gras de canard mi-cuit et de roquefort.
Alors que l'association mets et vins est l'accord parfait ou l'un met en valeur l'autre, ce vin exceptionnel qui restera parmi les trois plus extraordinaires que j'ai eu la chance de boire( avec Mission Haut Brion 1959 et laffite rotschild 1959 également), celui ne nécessitait aucun partenaire, faire valoir.
A l'oeil, un magnifique orange, ocre foncé, un nez puissant d'orange confite et de bergamote et en bouche une explosion confite qui vous envahit le palais avec une persistance en bouche d'une longévité incroyable. Dommage qu'il n'y ait eu qu'une seule bouteille et donc qu'un seul verre par personne. J'aurais été prêt à recommencer cette expérience malheureusement unique dans la vie d 'un dégustateur passionné.
Pour clôturer cette soirée mémorable, un Rivesaltes ambré 1952 mis en bouteille en 2011 du domaine Sainte Barbe accompagné de chocolat à 78%. Après ce que nous venions de vivre, il est difficile de dire quoi que ce soit.
Merci donc à D.F et à sa femme pour les préparations culinaires ainsi qu' à J.M.V pour certaines photos
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