Le destin hors-norme d’une vigne franche redécouverte à Chabli
Acquise en 2012 sans enthousiasme, cette parcelle donne aujourd’hui le vin haut de gamme de Louis et Catherine Poitout, et intéresse jusqu’aux techniciens de l’interprofession. Histoire d’une vigne pas comme les autres.
Elle était taillée… à la tronçonneuse ! La parcelle acquise en 2012 par Louis et Catherine Poitout à Villy (aire d’appellation Petit Chablis), est insolite à plus d’un titre. Quand nous l’avons achetée, elle ne trouvait pas de repreneur. On savait qu’elle était taillée et entretenue de manière peu orthodoxe, et on pensait dans un premier temps l’arracher , relate Catherine Poitout. En commençant à la travailler, on a vite compris qu’elle avait quelque chose de spécial. Les rameaux partant de la base du pied donnaient des fruits… On a vite supposé qu’il s’agissait de francs de pieds, ce que des techniciens on vite confirmé. Tout s’expliquait.
Probablement la seule parcelle du type dans tout le Chablisien. Mais la surprise ne s’arrête pas là. Dès la première vinification, on a compris que cette parcelle ne donnerait pas un Chardonnay comme les autres. Le vin est particulièrement ample, complexe, et gras, avec d’imposantes larmes, à l’aveugle personne ne pense au Chablisien . Un profil que Louis Poitout attribue à plusieurs facteurs potentiels : l’absence de greffage, donc de filtre, permet sûrement au terroir de mieux s’exprimer. La qualité génétique des pieds doit jouer également, ainsi que leur âge avancé.
Impossible, d’ailleurs, de dater la plantation. Nous disposons de peu d’archives, et il est impossible de le faire par analyse des ceps, du fait de la méthode de taille employée jusqu’ici. Peut être 150, 200 ans ? C’est possible. En tout cas, elle a résisté au phylloxéra. En faisant des profils nous avons vite compris pourquoi : le premier horizon du sous-sol est une couche d’argiles particulièrement denses, qui se gorge d’eau. Les racines on réussi à la transpercer, mais les pucerons ne peuvent pas y vivre.
Ce trésor découvert par hasard constitue désormais la cuvée haut de gamme de Louis et Catherine Les sommeliers en sont particulièrement friand, c’est du jamais vu pour eux. Le domaine ne souhaite pas communiquer de prix précis pour cette cuvée (nommée L’Inextinct, et classée Petit Chablis), mais celui-ci dépasse les 50 € par flacon. Largement au dessus des petit chablis voisins, positionnés en moyenne entre 10 et 15 €.
C’est le fait de la rareté, mais aussi d’un travail très important. La parcelle a dû être remise en état, et est désormais très compliquée à tailler, elle pousse un peu comme une herbe folle». À l’avenir, le domaine pourrait profiter de ce patrimoine génétique. Hors de question de planter à nouveau en franc de pieds, mais nous avons réalisé une sélection massale et prévoyons de planter des greffons de cette vigne sur une sélection de porte-greffes adaptés.
d'après Vitiisphére
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