nouvelle incursion en Champagne

Nous nous sommes rendus  pour la quatrième fois cette année dans la région chez quatre vignerons que nous avions eu le plaisir de découvrir lors de récentes manifestations parisiennes.

• Delphine Cazals  à 51190 Le Mesnil-sur-Oger nous a accueilli en compagnie de Camille Crochet son attachée commerciale. Nous sommes dans la Côte des Blancs paradis du Chardonnay sur sol crayeux et qui plus est en Grand Cru.  Le domaine s'étend sur 9 ha dont 3,70 ha uniquement pour le Clos Cazals planté de vieilles vignes qui frisent les 60 ans. La gamme comprend 9 cuvées différentes dont 3 BSA et 1 vin tranquille de Coteaux Champenois à 19,90€. En BSA, nous avons apprécié la Carte Or dosée à 8 gr en base 2011 avec  un complément de réserve 2010 à 20,90€ et surtout la Cuvée Vive extra Brut dosée à 3 gr en base 2007 avec un beau nez beurré et toasté à 23,90€. En finale, les 2 cuvées de prestiges : La Chapelle du Clos  2009 issue de vignes plantées à l'extérieur du clos, un beau brut où ressort fraicheur et minéralité à 43,90€ et enfin Le Clos Cazals (plus du tiers du domaine). Le mur de plus de 2 m de haut qui le cerne absorbe la chaleur dans la journée et la réfléchit sur la vigne, ce qui donnera des raisins particulièrement mûrs dont le moût titrera 1° alcoolique de plus que sur les autres parcelles.10% de la récolte est élevé sous bois. Cela donne un extra brut  dosé à 3 gr, vineux et frais à la foi qui a vieilli 10 ans en  cave. Ce 2005 à 71,90€ surpasse bien des cuvées de maisons dans cette gamme de prix. La mère de delphine habite le chateau d'Oger, mitoyen du Clos où est décédé en 1925 Léon Bourgeois, fondateur et premier président de la Société Des Nations en 1920 et également prix Nobel de la paix cette même année où nous avons eu la chance de déjeuner.
  

• Harlin père & fils à 51700 Port-à Binson. Cet petit domaine produit un BSA à 80% de Pinot Meunier vendu 14,50€, ce qui n'est pas assez cher pour ce beau blanc de rouge. Précipitez vous. Un rosé de saignée macère en général 24h maximum. Un oubli soit disant malencontreux de ce vigneron lui à fait laisser macérer  sa cuvée pendant 3 jours. Le résultat est exceptionnel avec une couleur intense qui rejoint la cuvée Sève de Olivier Horiot à Les Riceys, notre référence en  la matière. J'espère que ce vigneron  reconduira ce type de cuvée dans l'avenir.
                                                                                                                                     
• Philippppe Gamet à 51530-Mardeuil : Nous nous y sommes rendu pour sa cuvée Solera. Le résultat n'est pas à la hauteur de nos espérances.  Les cuvées sont en effet beaucoup trop dosées et le sucre masque la quintessence du terroir sauf pour l'extra brut.
  

• Louis Dousset à 51500-Mailly-Champagne et 51360-Verzenay : Nous sommes arrivé chez ce vigneron vers 17h30 et nous en sommes reparti vers 22h30 et vous allez comprendre pourquoi.                                                                            
  Nous avons commencé par visiter longuement les installations techniques installées à 10 m sous le sol. Cela a été l'occasion de goûter 3 vins clairs 2015 directement tirés à la cuve inox devant nous. Nous avons ainsi constaté que par rapport à nos dégustations de la semaine des vins clairs en avril, les moûts avaient déja bien évolué. 2015  sera comme dans d'autres régions un très grand millésime. Ceux qui feront des vins tranquilles pourront allègrement concurrencer les bourguignons. Nous avons goûté plus d'une douzaine de cuvées toutes d'un très bon niveau. Nous allons donc en extraire la quintessence : La grande majorité des parcelles sont situées dans la Montagne de Reims sur les 2 communes précitées à l'exception du Chardonnay du vitryat (région de Vitry le François) et pour éviter l'acidité la fermentation malolactique est effectué sur 85% des BSA. Le BSA Original fait appel à 40 % de Chardonnay des coteaux précités en complément du Pinot Noir. Pas de mention Grand Cru donc. Ce champagne jaune pâle séduit par un nez de bonbon anglais et de fruits frais (pêche blanche,  litchi) et brioché. La bouche est  fraîche et aérienne. Une belle cuvée de rassemblement produite à 40.000 cols à base de 2010 mise en bouteille en juin 2011 et dégorgée seulement en octobre 2015 et dosée à 7 gr à 19€ le col. Encore un beau concurrent pour les cuvée de Maisons.                                                                                                                                                                             Le Blanc de Noirs millésime 2002 produit seulement à 1.000 cols sans fermentation malolactique uniquement avec du Pinot Noir à la robe dorée foncée vu son âge. Un nez complexe aux arômes de pralin et noisettes puis une bouche minérale qui s'harmonisera bien sur un repas sans viande rouge ou gibier sur pied. Ce vin non dosé (extra-brut) mis en bouteille en juin 2003 a vieilli sur lattes pendant 12 ans avant son dégorgement. 
  Le Blanc de Blanc 2006 de couleur jaune-vert caractéristique des vins de Chardonnay, au nez de pêche blanche et d'abricot et une bouche minérale avec une belle acidité. Ce beau vin non dosé et dégorgé après 9 ans de vieillissement accompagnera à merveille un beau poisson.                                                                                                                       Le Rosé de Saignée 2007 est  produit à 1.000 bouteilles après 8 ans de vieillissement sur lattes. Une belle couleur cuivrée intense (on est loin des couleurs provençales), un nez vineux et une bouche grasse et minérale à la fois. Pas de dosage au dégorgement, un grand rosé.                                                                                                                   Après ces 3 heures de dégustation nous allions partir quand Jean-Roch Floquet (petit fils de Louis Doucet) nous a proposé d'aller visiter le stock à Verzenay. Nous avons  vu des dizaine de milliers de bouteilles alignées capsulées en attente de dégorgement. Jean-Roch  a alors saisi 2 bouteilles sur lattes et les a décapsulé devant nous afin de les dégorger. Un grand bruit et le dépôt est expulsé sans glaciation mais avec un bon coup de pouce pour éviter que la bouteille ne se vide sous la pression du CO2. Quelle expérience exceptionelle! Il s'agit d'un   2006 de blanc de noir comme le 2003 sus indiqué et d'un 1988. Le 2006 a donc passé un an et demi de plus sur lattes par rapport à celui que nous avons goûté plus tôt dans la soirée. Au nez cette foi-ci des fruits secs et en bouche une vivacité encore plus prononcée. Quand au 1988 ce fût une plongée dans l'exceptionnel et le rarissime. Une robe vieil or qui rappelle les grands liquoreux du Pacherenc du Vic Bihl  ou les grands Jurançon de décembre, un nez de miel  de sous bois et une bouche envahissante avec encore une superbe acidité un goût de salsifis puis en finale de roudoudou. Ce fût tellement exceptionel que nous avons demandé à finir la bouteille pour terminer cette journée en apothéose. Je me sens très proche de mon expérience la plus exceptionelle en la matière du  Salon 1999 en décembre 2014 (voir  mon article du 11 octobre 2015).
  

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