Christie's annonce une vente de champagnes Charles Heidsieck hors normes début décembre à Londres et New York.
Il eût été dommage que la mise en scène de la sortie, du fin fond des crayères, de fabuleux flacons que la maison Charles Heidsieck a décidé de mettre en vente à Londres et à New York se déroula en un lieu assez quelconque. Aussi a-t-on opté, en vue de magnifier l'événement, pour le décor de Christie's, une institution connue dans le monde entier pour sa compétence en matière de ventes aux enchères et, tout spécialement, celles des vins de collection. Mais pas n'importe lesquels puisque, sous l'oeil et le palais vigilants du Master of Wine Anthony Hanson, les 538 flacons (dont 442 bouteilles, 72 magnums et 24 jéroboams) proposés à la vente ont réussi leur examen de passage, l'examinateur lui-même ayant décrété que c'était "un vin absolument étonnant, surtout en jéroboam".
Autre star de la "Collection Crayères" qui effectuera, elle aussi, le déplacement à Londres et à New York : le Blanc des Millénaires, un 100 % chardonnay qui aura eu une courte vie puisqu'il ne fut millésimé que six fois, dont quatre seulement sous ce patronyme. Lors de la vente aux enchères, une cinquantaine de flacons de cette cuvée, imaginée naguère par l'ancien chef de caves Daniel Thibaut, seront proposés dans leurs versions 1983, 1985 et 1990. La Cuvée Royale, membre à part entière du club des cuvées disparues, est un blanc de blancs, mais elle sera présentée en quantité restreinte dans des millésimes très anciens : 1966, 1975 et 1981. Le champagne rosé sera également de la fête avec un joli tiercé constitué par les années 1981, 1982 et 1983. Et, cerise sur le gâteau, 12 jéroboams (l'équivalent de quatre bouteilles pour chacun d'entre eux) du millésime 1989.
Ce bataillon champenois qui va pour les uns, traverser la Manche et pour les autres l'Atlantique sera aussi composé de vieux millésimes de bruts (1981, 1982, 1983 et 2000). Reste à savoir ensuite si, après cette belle razzia, voulue et acceptée, il y aura encore dans le tréfonds des caves suffisamment de vieux flacons pour d'autres amateurs qui ne seront pas à Londres (le 7 décembre prochain) ou à New York (les 8 et 9 décembre). Sur ce point, Stephen Leroux, le directeur de la maison, se veut rassurant en affirmant, que sa volonté "d'ouvrir l'oenothèque au public est un acte fort. Nous voulons, ajoute-t-il, permettre aux grands amateurs de se procurer ces bouteilles pour des moments inoubliables. Par ailleurs distiller ces flacons rarissimes de façon responsable et en garder un minimum incompressible pour les générations futures est un exercice d'équilibre". Voilà qui est dit, et bien dit.